Maman comblée par l’arrivée d’un bidou début septembre, je me suis offert un atelier de portage quelques semaines après mon accouchement… Ce fut l’occasion de rencontrer la chamante Fleur-Anne Serre, monitrice de portage confirmée qui manie l’écharpe, le sling et tutti quanti avec autant de passion que de dexterité !
J’ai eu envie d’en savoir plus sur l’univers du portage et j’en ai profité pour lui poser quelques questions…
Discussion à bâtons rompus avec une vraie pro qui nous dit absolument TOUT sur cette pratique si bénéfique !
1. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de mamans porter leur bébé en écharpe. S’agit-il d’un phénomène de mode qui s’inscrit dans la grande tendance du « maternage » ? Ou est-ce tout simplement un geste naturel pour une maman que de porter son bébé ?
Je me pose toujours la question de la « tendance du maternage ». Est-ce un mouvement créé de toute pièce par les bobos ? Ou bien quelque chose que nous avons en nous, enfoui quelque part, et que l’on laisse le droit d’émerger aujourd’hui ?
Il y a de plus en plus de lieux, d’associations, de groupes traitant de périnatalité, qui émergent un peu partout en France. Ils répondent à un vrai besoin d’accompagnement de la population. Nous sommes d’ailleurs un peu en retard par rapport à nos voisins nordistes ou à nos amis canadiens.
La vie de fou que nous menons tous ne nous aide en aucun cas à prendre du temps pour nous.
L’arrivée d’un bébé chamboule énormément de choses. C’est un vrai tsunami dans notre vie de couple : nous sommes soudainement de nouveaux parents ! Certains arrivent à prendre ce fameux « temps perdu » quand un petit être arrive chez eux. Ils le regardent, apprennent à le connaître et prennent le temps de voir ce dont il a vraiment besoin.
Ils se rendent compte que les vieux conseils de nos grands-mères, tels que laisser pleurer le bébé pour se faire les poumons ne font plus grand sens aujourd’hui… Mais que finalement, répondre rapidement à ses pleurs, le nourrir à la demande, le porter le plus souvent possible, c’est tout d’abord répondre à ses besoins primaires.
C’est une façon d’aborder sereinement cette nouvelle vie de parents, dans le respect de chacun finalement, et de la manière la plus naturelle possible.
2. Sling, écharpe, mei tai etc… On s’y perd un peu dans tous ces modèles… Comment classerais-tu ces différents types d’écharpes ? Quels sont les avantages et les inconvénients de chacun ?
A qui s’adressent-ils ?
Effectivement, on s’aperçoit que le monde du portage est vaste dès qu’on commence à dérouler la pelote.
La gamme proposée est large et on peut vite s’y perdre !
Distinguons :
Les écharpes : tissées et en jersey (stretch).
Les slings (tissu monté sur 2 anneaux) : qui peuvent compléter ou remplacer une utilisation d’écharpe.
Les porte-bébés préformés : avec une ceinture clip et des bretelles de sac à dos.
Les Mei-Tai : d’inspiration asiatique, qui sont fait dans du tissu d’écharpe et que l’on noue assez rapidement.
Les écharpes et slings sont adaptés dès la naissance et pour un portage « bambin ». Leur utilisation varie selon le tissu choisi :
– Un tissu tissé permet un soutien optimal du dos du bébé, et en le réglant correctement, il peut supporter un portage long (jusqu’à deux heures).
– Un tissu en jersey, qui est plutôt plaquant que soutenant, ne s’utilisera lui que pour une courte période de portage (20 minutes).
Les porte-bébés préformés et les Mei-tai sont à utiliser quand le dos de bébé a atteint une certaine maturité. Aussi, dès qu’il sait s’asseoir seul, on pourra utiliser ce genre de moyen de portage, essentiellement en période d’éveil.
Sur un préformé, il n’y a que très peu de réglages. Un Mei-Tai permet de régler le tablier sur le dos, mais aucun des deux ne permet un serrage du dos zone par zone.
Les personnes qui ont vraiment envie d’apprendre, de passer du temps à porter leur enfant et qui savent que le portage va prendre une place importante dans leur vie sont souvent attirés par l’écharpe ou le sling.
Les personnes qui ont un petit besoin de portage pour se déplacer sur de courts trajets (maison-crèche par exemple), ou qui découvrent le portage quand leur enfant est déjà un peu grand, ont souvent recours à un préformé ou un Mei-Tai. Il est rapide et plus simple d’utilisation.
3. Quels conseils donnerais-tu à une maman qui débute avec son écharpe ? les bonnes pratiques et les consignes de sécurité ?
Le premier conseil serait de trouver un atelier de portage. Il est possible d’apprendre à manipuler l’écharpe en autodidacte, mais souvent, la dimension anatomique et l’aspect développement du bébé sont mis de côté. On voit souvent des bébés mal positionnés.
Pour respecter et protéger le développement du dos du bébé, il faut libérer ses tensions, bien basculer son bassin en avant pour positionner sa tête dans son axe naturel. Tout cela s’apprend !
Les consignes de sécurité sont importantes tant pour le bébé que pour le porteur !
– Bébé en position verticale,
– Tourné vers le porteur
– Tête dans l’axe de sa colonne et soutenue grâce au réglage de l’écharpe
– Son nez et sa bouche bien dégagés, sa tête, ses mains et ses pieds libres et protégés
– Le porteur est attentif à son bébé (température, coloration, respiration…)
– En état de vigilance
– Conscient de la présence de son bébé (encadrement de portes, cuisine…)
– A pied (dans la voiture, vélo, des dispositifs adaptés sont obligatoires)
4. Quelles sont les différences fondamentales entre écharpe et porte-bébé ?
Le porte-bébé ne fait pas un soutient du dos zone par zone (pour aider à soutenir à la place des muscles non matures du bébé). Il ne s’adapte pas à la morphologie précise du bébé… contrairement à l’écharpe, dont le tissage permet un serrage très fin et une meilleure adaptation à la morphologie d’un bébé.
En tant que conseillère formée, je recommande un usage court du porte-bébé (20-30 minutes) quand le bébé est vraiment tout petit et en période d’éveil.
Pour un portage sur une plus longue période (plus de 30min à 2heures), l’écharpe, ajustée au plus fin et avec un bon tissage permet une utilisation respectueuse et physiologique.
Dans les deux cas, il faut toujours penser à rester vigilant vis à vis de son bébé et à le sortir assez régulièrement de son mode de portage. Comme nous adultes, si nous restons plus d’une heure dans la même position nous avons besoin de nous dégourdir et de changer de position.
5. Parle-nous un peu de toi et de ton parcours… Comment devient-on formatrice en portage bébé ?
Je suis devenue formatrice un peu par hasard…une amie m’a offert un jour, en me voyant dans la rue avec ma fille que je portait déjà, une écharpe en jersey ainsi que le livre « Porter mon bébé » de Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frenais.
J’ai pris 1 an complet à l’arrivée de ma fille, et quand j’ai du temps, j’ai pour habitude de me « former ». Je découvrais le monde de la périnatalité avec ma fille ; je passais beaucoup de temps sur internet à m’entrainer à faire des tas de nœuds, à trouver celui qui me conviendrait le mieux.
J’ai envoyé un mail à plusieurs écoles de portage, et un jour, l’AFPB m’a contactée en retour. Le discours de la fille que j’ai eu au téléphone m’a plu, je me suis reconnue dans ce qu’elle disait. J’ai donc signé !
Petite anecdote : La femme qui a écrit le livre que l’on m’a offert sur le portage, est une des personnes qui a créé l’AFPB. Elle a été ma (super génialissime) formatrice. Je n’en savais rien au moment où je m’inscrivais !
6. Comment se déroule une séance d’apprentissage du portage à tes côtés ?
La séance dure 2 heures. Je me déplace à domicile. J’organise également des ateliers collectifs pour 3 à 6 bébés.
En individuel, j’aime bien connaître le parcours des mamans, je leur pose des questions sur leur grossesse, la naissance. Tout cela peut me guider dans ma découverte du bébé et je peux ainsi comprendre certaines choses qui m’aident pour le couple porteur/porté.
Ensuite j’ai besoin de savoir pourquoi les parents veulent porter : cela me permet de cibler un nœud ou un moyen de portage en particulier. Est-ce juste pour un trajet maison-crèche ? Pour s’occuper des aînés ? Pour partir en ballades régulièrement ?
Et puis nous prenons le temps d’apprendre, d’appréhender « l’écharpe », de respecter le rythme du bébé.
En atelier collectif, c’est un peu différent. Mais j‘ai toujours le soucis du respect de chaque couple. Je propose généralement un nœud qui correspond à la majorité du groupe.
Je propose également un suivi pour que les nouveaux porteurs ne se sentent pas perdus avec cet apprentissage. Je prévoie un atelier de révision à mon domicile 1 fois par mois, mais je peux aussi répondre aux questions par mail, ou certains parents m’envoient aussi des photos de leurs essais.
Pour en savoir plus sur Les ateliers de Fleur Anne, c’est par ici : http://www.petitspiedsportes.com/ !
Elle est aussi sur Facebook : https://www.facebook.com/petitspiedsportes92