Qu’est-ce qu’encore que ce terme barbare ?
C’est le pédiatre américain William Sears, qui le premier utilisa ce terme. On l’apparente parfois au maternage proximal, cependant en réalité il n’a pas d’équivalence en français. Effectivement si l’on traduisait, le terme « parenting » voudrait dire « parentage » et non « maternage », ce qui inclut d’avantage la participation des deux parents. Quant au terme « attachment », il regroupe plus de choses que la notion de « proximal ».
L’organisation « Attachment Parenting International », la plus grande ressource en ligne sur le sujet, définit l’attachment parenting comme ceci :
La vision élargie de l’attachment parenting est d’élever des enfants qui, une fois adultes, seront dotés de grandes capacités relationnelles et capables d’empathie. L’attachment parenting exclue la violence comme mode éducatif, et ce faisant contribue à prévenir la violence dans l’ensemble de la société.
L’éducation bienveillante et non-violente est donc la base de l’attachment parenting.
L’attachment parenting, s’appuie sur la théorie de l’attachement, qui fut formulée pour la première fois dans les années 60 par le psychiatre John Bowlby. Elle a ensuite été reprise et approfondie par de nombreux chercheurs en psychologie du développement de l’enfant et en neurologie. Toutes leurs recherches vont dans un même sens et soutiennent l’idée qu’un lien fort et sécurisant est essentiel pour le bon développement de l’enfant, et ce lien se crée notamment grâce au contact physique (peau à peau, portage…), par l’écoute des besoins de son enfants et la réponse rapide à ces besoins. En réalité, tous ces chercheurs ont redonné du sens et de la valeur à des pratiques ancestrales comme l’accouchement à domicile, l’allaitement, le cododo, le portage etc.
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L’accouchement à domicile
De plus en plus de futurs parents s’orientent vers l’accouchement à domicile ou en tout cas un accouchement plus naturel, moins médicalisé. Si, en France, il est très difficile d’obtenir l’accord pour un accouchement à domicile et de trouver une sage-femme qui accepte de nous y accompagner, on peut néanmoins écrire un projet de naissance et en parler en maternité. De plus en plus de femmes refusent les déclenchements médicamenteux, la péridurale, choisissent d’accoucher dans l’eau, debout, ou sur le côté. Les futurs parents, et surtout les futures mamans, veulent s’approprier au maximum ce moment où se tissent les premiers liens extra-utero avec leur enfant.
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l’allaitement
Il connait un nouveau souffle! Outre les avantages et bénéfices indiscutables de ce mode de nutrition pour l’enfant, c’est un des moyens les plus naturels et efficaces pour créer le lien d’attachement mère-enfant. L’allaitement calme et sécurise l’enfant, il répond aux besoins vitaux de nourriture de l’enfant, mais aussi à ses besoins émotionnels, et il peut se prolonger plusieurs années, jusqu’à ce que l’enfant se sèvre de lui-même (le sevrage naturel intervient entre 2 et 6 ans).
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Le cododo
Pour ce qui est du cododo (ou cosleeping), il est souvent en lien avec l’allaitement. Effectivement partager la même chambre, voire le même lit, facilite l’allaitement nocturne. Mais de plus en plus de parents, n’ayant pas forcément choisi l’allaitement, le pratiquent. Le nourrisson a besoin de chaleur, de sécurité, de proximité avec sa mère, tout autant que la journée. On en revient de plus en plus de ces méthodes qui consistent à laisser pleurer un bébé dans une chambre à part jusqu’à endormissement par épuisement, car cela revient à négliger ses besoins fondamentaux et à l’exposer à de la détresse, à l’angoisse de l’abandon.
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Le portage
Le portage est aussi précieux à l’attachment parenting. Porter son bébé en écharpe ou dans un porte-bébé facilite les déplacements, mais cela permet aussi au bébé de rester bien au chaud, de dormir paisiblement, de s’apaiser. Le portage a vraiment beaucoup d’avantages! Il laisse au porteur les mains libres, garanti la réponse au besoin de contact et de sécurité du bébé… cela peut vraiment faciliter les premiers mois de vie d’un nouveau-né !
Enfin, Les chercheurs ayant développé la théorie de l’attachement mettent en avant l’importance de la continuité de la relation entre le bébé et les parents. Il est évident qu’un bébé qui ne voit ses parents que quelques heures par jour et qui est en plus laissé seul face à ses pleurs la nuit aura plus de difficultés à nouer un vrai lien d’attachement avec qui que ce soit. Dans la plupart des familles pratiquant l’attachment parenting, au moins un des parents reste à la maison pendant les deux ou trois premières années, c’est-à-dire jusqu’à l’âge auquel l’enfant est capable de comprendre que le parent qui part travailler reviendra le soir, qu’il n’est donc pas abandonné.
On pourrait prendre cette approche pour quelque chose de révolutionnaire, mais ce n’est pas vraiment le cas ! L’attachment parenting est un retour à des comportements pratiqués de façon instinctive par nos ancêtres. Par exemple, le fait d’isoler un nourrisson dans une chambre séparée la nuit, n’est la norme dans les pays occidentaux que depuis environ un siècle!
En revanche, la théorie de l’attachement est novatrice dans le sens où elle bouscule l’héritage de Freud… avec sa théorie des pulsions qui est encore la base de l’éducation conventionnelle actuelle, et qui contribue à justifier les pratiques éducatives violentes issues de la culture judéo-chrétienne. Freud nous a laissé comme idée que l’enfant nait avec des orientations malsaines, qu’il faut « mater » afin d’en faire une personne « normale ». Selon ses principes, les besoins de l’enfant sont considérés comme des pulsions, il faudrait donc les ignorer ou n’y répondre qu’avec des limites, des frustrations. Forcément la théorie de l’attachement admet tout l’inverse ! Elle soutient la satisfaction des besoins de l’enfant, et surtout de son besoin de sécurité. Le besoins de l’enfant sont reconnus, et les comportements inappropriés sont vus comme un souci d’un besoin mal identifié, auquel on aurait mal répondu, qu’on aurait mal compris.
Alice Miller a montré que les criminels, les prédateurs sexuels ont tous vécu une enfance violente et vécu des traumatismes. La violence engendre la violence, voilà pourquoi l’attachment parenting se positionne contre et à l’opposé de cette violence éducative, de cette éducation conventionnelle où on trouve normal de donner des petites tapes ou des fessées aux enfants, de les punir, de les humilier ou de les rabaisser. Comme je le disais en début d’article, la base de l’attachment parenting est l’éducation bienveillante, c’est la non-violence éducative, la communication positive. Il est maintenant du ressort de chacun de faire l’effort de rejoindre cette « mouvance », d’accepter de se remettre en question, et de prendre du recul sur sa propre éducation.
De plus en plus de livres, de formations, de groupes de parole existent pour nous donner tous les outils, toutes les clés pour y arriver… Alors à nous de jouer !