En abordant l’attachment parenting le mois dernier, j’ai fait une bonne introduction à l’éducation non violente (ou ENV). Ce modèle éducatif reste encore marginal en France, alors qu’il devrait devenir la norme.
La France est régulièrement rappelée à l’ordre par le Conseil de l’Europe pour son manque de législation concernant les châtiments corporels (= fessée, gifle, tape et autres gestes violents). La France, qui se dit « pays des droits de l’enfant » autorise un « droit de correction » et tolère donc les corrections corporelles. Il faut savoir que les châtiments corporels sont interdits dans 27 des 47 pays membres du Conseil de l’Europe, et au total dans 44 pays dans le monde. La France qui a pourtant signé la charte des droits de l’enfant fait donc figure de mauvaise élève.
L’éducation non violente, à quoi cela se résume?
Il s’agit tout simplement de bannir toutes violences:
- physiques : fessées, claques, tapes sur les mains ou la couche, douches froides etc
- morales : paroles vexantes, humiliations, dévalorisation
C’est aussi mettre fin aux punitions, et oui. Alors, certains se diront sans doute, qu’on n’éduque plus ses enfants, qu’on les laisse tout faire. Absolument pas. L’ENV est loin d’être du laxisme, bien qu’elle y soit souvent associée. L’enfant a besoin de règles et d’un cadre sécurisant pour grandir sereinement.
Simplement, en pratiquant l’ENV, on se tourne vers d’autres outils :
Les consignes positives : dire ce qu’on attend de l’enfant, plutôt que ce qu’on ne veut pas qu’il fasse
Exemple : « Ne cours pas dans la maison » => « Dans la maison on marche »
« Ne touche pas à ça! » => « Il est interdit de toucher ça. »
Cela peut paraître insignifiant, mais ça fonctionne vraiment, car le cerveau des touts petits n’est pas assez mature pour leur permettre de comprendre la négation.
La communication non violente : on valorise, on encourage, on privilégie les « messages Je » aux « messages Tu »
Exemple : « Tu me fatigues ! » => « Je suis fatiguée, j’ai besoin de calme. »
La réparation plutôt que la sanction
Exemple : L’enfant renverse son assiette => « Tiens voilà une éponge » et il nettoie
Cela est bien différent de : « Mais regardes ce que tu as fait!! »
La responsabilisation : faire confiance à l’enfant car il est capable de et il est digne de confiance
La méthode sans perdant pour trouver des solutions aux conflits (cf. Parents Efficaces de Thomas Gordon)
Ce ne sont que des exemples, les ressources et outils pour éduquer autrement sont très nombreux. Il y a des livres, des ateliers, des groupes d’échange également. L’important est d’accepter de se remettre en question, souvent. Il faut aussi intégrer le fait que le cerveau de l’enfant fonctionne différemment du nôtre, il faut mettre de côté la notion de caprice, et vouloir sortir du rapport de force, ne plus vouloir dominer nos enfants. Il faut aussi comprendre qu’on n’apprend pas à un enfant à ne pas taper, à ne pas mordre, en le tapant, cela n’est pas logique.
Ce n’est pas simple, car il faut s’affranchir de sa propre éducation et aller un peu à contre-courant de l’image de l’éducation que véhicule la société. Cependant, cela en vaut vraiment la peine. Eduquer ses enfants dans la non-violence et la bienveillance ne veut en aucun cas dire qu’ils deviendront des « enfants rois ». Ils deviendront des enfants qui ont confiance en eux, qui ont l’esprit critique aiguisé, qui respecteront les adultes comme on les a respecté eux, qui seront sociables et réfléchis, et souvent très ambitieux.
Voici quelques pistes de lecture :
- Parents Efficaces de Thomas Gordon (pour tous âges, avec des pistes très intéressantes pour l’adolescence)
- Eduquer sans Punir de Thomas Gordon
- Parler pour que les enfants écoutent de Faber et Mazlish
- J’ai tout essayé! d’Isabelle Filliozat (pour les 0-5 ans)
- Il me cherche! D’Isabelle Filliozat (pour la suite!)
Maud Pineau est assistante maternelle et auteure du blog Les tribulations d’une Maman Mammouth, pro maternage et éducation bienveillante. Découvrez là ici.