La colère de l’enfant, un sujet qui parle à tous les parents, et qui nous laisse souvent démunis. Pour l’aborder, je vais commencer par faire un petit point sur les différentes notions « éducatives » que l’on lit et entend souvent.
Les colères de l’enfant apparaissent souvent dès le début de la phase d’opposition
C’est au cours de cette période que le tout petit vit ses vraies premières grandes frustrations. Il devient plus difficile de le détourner de ce qu’il souhaite et il le fait entendre haut et fort. Cette phase commence en général entre 18 et 24 mois et se poursuit jusqu’à 3 voire 4 ans.
Les colères de l’enfant (parfois appelées « crises ») sont souvent considérées comme des « caprices ». Or, ce terme est inapproprié au sens où il est entendu. En effet, dans le langage courant « caprice » induit que l’enfant réagit pour nous « embêter », pour obtenir ce qu’il veut… Donc qu’il est capable de manipuler autrui. Cependant, avant 6 ou 7 ans le cerveau de l’enfant n’est absolument pas mature pour cela.
Un tout petit en colère ressent réellement de la colère et elle l’envahit. Son cerveau est très immature et il est incapable de gérer les émotions (il faut savoir que cette zone spécifique du cerveau atteint sa maturité totale autour de 25 ans…). Le tout petit se retrouve donc confronté à des émotions qui le submergent et ça déborde hors de lui. C’est là que nous, parents, avons un rôle à jouer. Non pas en brimant cette colère, mais en accompagnant avec bienveillance notre enfant afin qu’il apprenne peu à peu à mieux gérer cette émotion. C’est un long travail mais nécessaire. L’enfant doit savoir que son émotion est entendue et légitimée, qu’elle est comprise et qu’il a le droit de la ressentir. Pour cela, notre aide est primordiale. Donc je ne vous conseillerais ici ni punition, ni fessée. Je vais seulement partager avec vous quelques outils bienveillants pour faire face aux colères de notre enfant.
Rien de miraculeux, ce sont des outils à adapter selon notre enfant et notre tempérament. Ce sont des outils qui demandent de l’investissement de notre part et parfois des remises en questions. Mais ce sont des outils efficaces et qui, sur le long terme, aideront notre enfant à nourrir son estime de lui et à forger sa confiance. Il apprend ainsi à entendre ses émotions, à les considérer (et non à les nier et les refouler comme souvent l’éducation que l’on a reçu nous l’a inculqué) et donc à mieux les gérer.
Sacré challenge n’est-ce pas ?
Pas de panique… des ratés il y en aura toujours car aucun parent n’est parfait, et nous devons aussi gérer notre propre état émotionnel. Mais j’espère que ces quelques pistes pourront vous aider.
- Renouer le contact, visuel et/ou physique avec son enfant. Capter son regard, toucher son épaule. Ce sont souvent les premiers gestes qui apaisent. On se reconnecte à son enfant avant toute parole. En effet, à ce stade l’enfant est incapable de recevoir des paroles.
- Mettre des mots sur ses émotions : « Je te sens très énervé », « tu sembles très en colère/contrarié ». L’enfant se sent entendu, de plus on l’aide à développer son vocabulaire émotionnel. Cependant, il faut attendre de le sentir prêt à recevoir nos mots… Ca n’est pas forcément immédiat.
- Utiliser des supports externes comme un coussin de colère (qui peut s’avérer très utile lorsque l’enfant a tendance à taper lorsqu’il est en colère), une roue des émotions, une bouteille de retour au calme, des cartes « émotions ». On trouve de nombreux exemples de ces outils sur internet.
- Ne pas hésiter à faire un câlin à son enfant s’il en ressent le besoin pour s’apaiser. Certains enfants ont même besoin d’être contenus physiquement lorsqu’ils sont en proie à une forte émotion. Ils confrontent ainsi la « violence » de leur émotion à une « barrière » physique. Cela peut les aider à s’apaiser plus rapidement. Cependant, attention, certains enfants refusent le contact physique, cela ne fonctionnera donc pas avec eux.
- Enfin, une fois l’enfant apaisé, on peut lui proposer de l’aide, lui demander de quoi il aurait besoin, lui proposer une activité, d’aller faire une promenade… par exemple.
La clé est l’empathie !
Cette petite liste est bien entendu non exhaustive. Et je précise qu’offrir un câlin à son enfant, lui offrir son empathie n’est pas lui céder quoi que ce soit. C’est juste entendre sa colère, son désarroi et l’accompagner pour qu’il les dépasse. Mais cela n’empêche pas de signifier à son enfant que l’on refuse qu’il nous tape, de lui dire que lorsqu’il hurle cela nous dérange (en utilisant les « message-je » par exemple).
Bien sûr, ça n’est pas simple…
Subir les cris voire les hurlements de son enfant, contrer ses coups nous pousse à bout !
Alors parlons de nous ! Soyons honnêtes, on n’est pas toujours disponible pour accueillir la colère de notre enfant. On peut être fatigué, avoir passé une mauvaise journée etc. Il est important d’être aussi à l’écoute de notre propre état émotionnel.
Si c’est trop difficile rien ne nous empêche de quitter la pièce quelques minutes en le disant à notre enfant : « Je vais sortir de la pièce quelques minutes, sinon je risque de crier ou de dire des mots que je vais regretter. Je reviens vite. ». On peut aussi simplement tourner le dos, aller boire une verre d’eau, souffler un coup… Cela suffit souvent à faire baisser notre propre tension et à pouvoir retourner vers notre enfant.
Enfin, si on a crié, dit des mots qui blessent (ce qui arrive…), il est important de savoir demander pardon à son enfant.
Voilà… Ce ne sont que quelques pistes. Comme je le disais rien de miraculeux et il existe beaucoup d’autres outils. Je finirais juste en disant qu’il est vraiment important de ne pas minimiser la colère de son enfant, de ne pas le dévaloriser avec des phrases comme « Tu est vilain! », « T’es pas beau quand tu pleures » etc. Cela lui renverrait une image très négative de lui même et serait vraiment préjudiciable pour l’estime qu’il a de lui.
Pour finir, voici quelques conseils de lecture pour approfondir la question
- Pour une enfance heureuse, du docteur Catherine Gueguen (Pour comprendre le fonctionnement du cerveau de l’enfant, et l’impact de nos choix éducatifs sur sa maturation)
- J’ai tout essayé, d’Isabelle Filliozat (pour les 0-5 ans)
- Il me cherche, d’Isabelle Filliozat (pour les 6-11 ans)
- Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, Faber et Mazlish
Cet article vous est proposé par Maman Mammouth, maman blogueuse et auteure du blog Les Tribulations d’une Maman Mammouth